AUTREMENT, 2003. EAN : 9782746703681. 244 pages.
Résumé :
Dans l’Espagne médiévale, les musulmans, les juifs et les chrétiens ont su inventer la tolérance. La culture andalouse de cette période est celle des mélanges, une société prospère et riche de splendeurs, où dialoguent et circulent des idées, des textes, dans des langues elles-mêmes métissées. Avec érudition et une véritable écriture, Maria Rosa Menocal retrace l’histoire de l’Andalousie entre le VIIIe et le XVe siècle, à partir de « motifs » ou figures remarquables : poètes, troubadours ou philosophes, intellectuels, hommes de sciences et politiques ; le « joyau du monde » c’est aussi les palais, les bibliothèques ou les jardins, les mosquées et les synagogues. Le rayonnement de cette civilisation et les relations qu’elle développa avec l’Europe et le Bassin méditerranéen se trouvèrent stoppées par la montée de l’intolérance religieuse, l’avènement de la peste noire ; dans une violence extrême, les autodafés marquèrent la destruction des trésors d’al-Andalus. Ce récit nous invite à envisager l’histoire des influences intellectuelles européennes d’une autre façon, notamment les relations entre Orient et Occident. L’auteure montre que cette formidable période fait résolument partie de notre héritage culturel et sans doute de notre avenir, jusqu’à Paris, Alexandrie, Sarajevo… les contours du monde occidental se trouveraient ainsi redessinés.
Un extrait :
« … Evidemment, on pourrait objecter que dans tout le reste du monde islamique l’arabe fut adopté par les dhimmi – terme arabe désignant les « peuples du livre » protégés, juifs, et chrétiens -, qui partageaient le monothéisme et les saintes Écritures d’Abraham. Par principe, le Coran enjoignait (et enjoint toujours) à toutes les provinces islamiques d’épargner les dhimmi, de tolérer les chrétiens et les juifs qui vivaient parmi eux. Au-delà du comportement prôné par le Coran, al-Andalus vit cependant depuis ses origines se nouer des relations interconfessionnelles mémorables et singulières. La communauté juive se releva de ses cendres et sortit de l’existence abominable où l’avait plongée le règne wisigoth : l’émir qui se proclama calife au Xème siècle prit même un juif pour ministre des Affaires étrangères. L’identité andalouse pendant ces premiers siècles se distingua par l’heureux mariage entre communautés de cultures diverses et des dialogues culturels de grande qualité avec les dhimmi. A vrai dire, tout cela faisait partie intégrante de la spécificité omeyade à l’égard du reste du monde arabe. … »