Les livres - الكتب

Ziryab

Jesus Greus


François Gaudry (Traducteur)
PHÉBUS, 1993. 320 pages
EAN : 9782859402655

Résumé :Il n’a jamais été facile de vivre de son art, surtout si l’on se veut novateur et si la recherche de la beauté vous conduit à braver les conventions, à proclamer la liberté de créer selon son cœur – et à faire de l’insoumission une vertu. Pour avoir suivi de façon têtue cette voie exigeante mais périlleuse, Ziryab connaîtra l’exil. Mais la récompense sera au bout du chemin : accueilli par l’émir de Cordoue, l’illustre Abd al-Rahman II, un souverain ami des arts et des artistes, notre réprouvé connaîtra pour finir une gloire que lui eussent enviée les princes.

Nous sommes deux siècles avant l’an mil, et la civilisation du Croissant, à son zénith, est partagée entre l’austère mystique du désert et le culte du plaisir, lequel atteint à la cour de Cordoue un raffinement inouï. Par-delà l’aventure de Ziryab (le plus grand musicien arabe de tous les temps, le Pétrone de l’Espagne musulmane), c’est celle d’une époque fascinante qui défile sous nos yeux, marquée par quelques figures inoubliables : Abd al-Rahman, souverain tourmenté, qui rêve de faire de sa ville et du monde une œuvre d’art ; Taroub, sa favorite, beau monstre d’ambition et de perversité ; le grand eunuque Nasr au visage de marbre ; l’irascible et fanatique uléma Yahya Ibn Yahya ; Hindah et Ghazalan, les deux musiciennes amantes de Ziryab ; le poète Al-Ghazal, dont les courtisans redoutent la cinglante ironie ; l’extravagant et génial Ibn Firnas, qui rêve de s’envoler et se jette dans le vide affublé d’une paire d’ailes ; Ziryab lui-même enfin, dandy inspiré et sceptique, bouleversé par la beauté du monde... Et toute une foule de vizirs, de putains, de guerriers, de philosophes, de conteurs...


L’Andalousie arabe. Une culture de la tolérance, VIIIe-XVe siècle

María Rosa Menocal. Traduit par Mélanie Marx

AUTREMENT, 2003. EAN : 9782746703681. 244 pages.

Résumé :
Dans l’Espagne médiévale, les musulmans, les juifs et les chrétiens ont su inventer la tolérance. La culture andalouse de cette période est celle des mélanges, une société prospère et riche de splendeurs, où dialoguent et circulent des idées, des textes, dans des langues elles-mêmes métissées. Avec érudition et une véritable écriture, Maria Rosa Menocal retrace l’histoire de l’Andalousie entre le VIIIe et le XVe siècle, à partir de « motifs » ou figures remarquables : poètes, troubadours ou philosophes, intellectuels, hommes de sciences et politiques ; le « joyau du monde » c’est aussi les palais, les bibliothèques ou les jardins, les mosquées et les synagogues. Le rayonnement de cette civilisation et les relations qu’elle développa avec l’Europe et le Bassin méditerranéen se trouvèrent stoppées par la montée de l’intolérance religieuse, l’avènement de la peste noire ; dans une violence extrême, les autodafés marquèrent la destruction des trésors d’al-Andalus. Ce récit nous invite à envisager l’histoire des influences intellectuelles européennes d’une autre façon, notamment les relations entre Orient et Occident. L’auteure montre que cette formidable période fait résolument partie de notre héritage culturel et sans doute de notre avenir, jusqu’à Paris, Alexandrie, Sarajevo… les contours du monde occidental se trouveraient ainsi redessinés.

Un extrait :
« … Evidemment, on pourrait objecter que dans tout le reste du monde islamique l’arabe fut adopté par les dhimmi – terme arabe désignant les « peuples du livre » protégés, juifs, et chrétiens -, qui partageaient le monothéisme et les saintes Écritures d’Abraham. Par principe, le Coran enjoignait (et enjoint toujours) à toutes les provinces islamiques d’épargner les dhimmi, de tolérer les chrétiens et les juifs qui vivaient parmi eux. Au-delà du comportement prôné par le Coran, al-Andalus vit cependant depuis ses origines se nouer des relations interconfessionnelles mémorables et singulières. La communauté juive se releva de ses cendres et sortit de l’existence abominable où l’avait plongée le règne wisigoth : l’émir qui se proclama calife au Xème siècle prit même un juif pour ministre des Affaires étrangères. L’identité andalouse pendant ces premiers siècles se distingua par l’heureux mariage entre communautés de cultures diverses et des dialogues culturels de grande qualité avec les dhimmi. A vrai dire, tout cela faisait partie intégrante de la spécificité omeyade à l’égard du reste du monde arabe. … »